Chers amis,

Notre premier article montrait comment l’Eglise émergente fait le jeu du catholicisme. Nous nous sommes appuyés sur un document de Brian McLaren, un des principaux chefs de file du mouvement. Ce deuxième article montre comment McLaren écarte l’Evangile et l’autorité de la Bible pour ouvrir la voie au mysticisme dont il donne ensuite une description. Dans un troisième article, nous examinerons le caractère pernicieux de ce mysticisme dans son ensemble.

Bien à vous dans la grâce de notre précieux Sauveur,

Richard Bennett

Le mouvement de l’Eglise émergente voit dans l’ouvrage de Brian McLaren „A Generous Orthodoxy” (une orthodoxie généreuse) son „manifeste”. L’auteur y explique que la genèse du mouvement et son qualificatif, „émergent”,  prennent modèle sur l’arbre en train de croître:

„Ici comme ailleurs, le sens du mot 'émergent’ est un aspect essentiel de cet écosystème appelé „orthodoxie généreuse”. Un schéma simple fera ressortir ce que nous entendons par 'pensée émergente’… Aucun [des cercles concentriques dans la coupe transversale d’un tronc d’arbre] ne remplace ni ne rejette les cercles précédents,  mais il entoure ces derniers pour les englober dans une réalité plus large… [De même] il existe une pensée qui cherche à inclure celle qui l’a précédée dans une réalité qui la dépasse, comme le fait le dernier cercle dans un arbre en train de croître. Voilà comment fonctionne la pensée émergente (qu’on pourrait aussi appeler intégrale ou intégrante). Tous mes ouvrages précédents sont fondés, quoique de façon non explicite, sur cette 'pensée émergente’…” (1)

Cette définition met en lumière le fonctionnement de la pensée de McLaren et nous présente tout simplement la notion de dialectique hégélienne (2). Le processus ici décrit n’a rien de commun avec la croissance du croyant biblique. Le modèle biblique exige que nous renoncions aux façons de penser du monde pour adhérer à la pensée biblique, pour acquérir une connaissance selon Dieu tout en nous conduisant selon Sa volonté.

McLaren poursuit en ces termes: „Cette soif d’émergence, qui a son origine en Dieu… engendre de nouvelles formes de spiritualité chrétienne, de nouvelles communautés, et de nouvelles missions qui émergent du christianisme occidental… Une orthodoxie généreuse est une orthodoxie émergente, qui sera achevée seulement quand nous parviendrons à notre destination finale en Dieu” (3). Mais contrairement à ce qu’affirme McLaren, nous n’avons pas ici un développement du christianisme sous des formes nouvelles. Non, en fait McLaren attribue de nouvelles définitions à des termes bien connus, privant les mots de leur signification antérieure: cette confusion est semée sciemment. McLaren a prévenu qu’il allait user de procédés engendrant la confusion, car à son avis, ” la clarté est parfois chose  surestimée”  (4).

McLaren explique volontiers le fonctionnement de sa „pensée émergente”. Dans ce livre il s’efforce de mettre dans un même sac tous les Protestants et tous les Catholiques: il établit ainsi un cercle plus vaste que la faille séparant les premiers des seconds. L’étape suivante (5) sera son adhésion au mysticisme oriental, lequel formera un cercle plus grand encore, englobant le catholicisme.

Un reniement sans ambages des cinq grands principes de la Réforme

Pour la première étape qui consiste à amalgamer Protestants et Catholiques, McLaren doit donner de nouvelles définitions du Seigneur Jésus-Christ, du Dieu Saint, de l’autorité de la Bible, de la théologie, du salut, et des traits distinctifs du Protestant conservateur. Mais les vrais chrétiens qui suivent le Seigneur et Ses Apôtres, adhèrent à la Parole écrite de Dieu, l’autorité suprême. Selon l’expression latine, on a là le principe „Sola Scriptura”, c’est-à-dire „l’Ecriture seule” (6). D’après la Bible, l’individu est sauvé aux yeux du  Dieu Très Saint par la grâce seule, „Sola gratia” (7), par la foi seule, „Sola fide” (8), en Christ seul, „Solo Christo” (9). Toute gloire et tout honneur reviennent donc à Dieu seul, „Soli Deo Gloria” (10). Ces cinq grands principes bibliques sont la base de la foi véritable dans le Seigneur. Fondés dans l’Ecriture, ils caractérisaient l’Eglise primitive, et ils sont à la base de tout réveil authentiquement biblique. Pour ces principes-là, bien des milliers d’Evangéliques ont donné leur vie sur le bûcher: Jan Hus, William Tyndale, John Rogers, Hugh Latimer, Nicholas Ridley, Anne Askew, John Bradford, et John Philpot, pour n’en nommer que quelques-uns. Mais sous l’Inquisition papale, qui a duré six siècles, des millions de fidèles ont subi la torture et le martyre. Pourtant, McLaren déclare nettement que les Protestants conservateurs devront accepter un compromis sur ces principes bibliques de base pour être en mesure de prendre place dans la communauté. Sinon, ils seront exclus de son „orthodoxie généreuse”.  Selon lui, nous devons renoncer aux cinq principes ci-dessus, à ces cinq „solas”,  car le mot sola (= seule) ne figure pas dans la Bible (11). Nous devons renoncer à ces principes qui distinguaient et séparaient les Réformateurs de l’Eglise catholique romaine. McLaren dit bien à ses lecteurs que „la pensée émergente” ne rejette aucunement la pensée qui l’a précédée, mais dès qu’il applique sa méthode, ces paroles rassurantes ne veulent plus rien dire.

Parlant du plus fondamental de ces cinq principes, „Sola Scriptura”, McLaren déclare: „Dieu a permis à l’Ecriture d’exister”. Elle est donc selon lui la création de Dieu, en même temps que la création d’une multitude de personnes, de communautés, et de cultures qui lui ont donné le jour (12). Sur ce point, comme sur la plupart des autres, McLaren s’aligne sur l’Eglise romaine. La Rome papale n’emploie pas exactement les mêmes mots, mais elle incarne le même concept quand elle déclare: „Quant à la Sainte Tradition, elle porte la Parole de Dieu… et la transmet intégralement” (13). McLaren se fait incontestablement l’écho de la pensée catholique en mettant la créativité de l’homme sur un pied d’égalité avec celle de Dieu. Mais l’Ecriture enseigne tout autre chose: „Les saints hommes de Dieu, étant poussés par le Saint-Esprit, ont parlé” (2 Pierre 1:20-21, tr. David Martin). La Bible seule est la Parole de Dieu révélée à des hommes poussés par le Saint-Esprit. Comme l’a dit l’Apôtre Paul, „Toute l’Ecriture est inspirée de Dieu…” (2 Timothée 3:16-17). N’en déplaise à Brian McLaren, elle n’est pas „la création d’un grand nombre de personnes, de communautés, et de cultures”. Il est grave de semer le doute quant à l’Auteur véritable de la Parole de Dieu. Rabaisser ainsi l’autorité de la Parole écrite, c’est empêcher ses lecteurs de parvenir à la connaissance de la vérité, et de recevoir cette Vérité telle qu’elle est en Christ Jésus. C’est pourquoi l’enseignement de Brian McLaren est littéralement propre à damner les âmes, car il a „enlevé la clé de la connaissance” (Luc 11:52).

Quand on réécrit l’histoire pour parvenir à ses propres fins

Parlant de l’Ecriture, McLaren ment aussi à propos des faits historiques, pour présenter une image „intégrée”, ou „émergente” des Protestants et des Catholiques. Il écrit: „la communauté chrétienne à son plus haut niveau est depuis toujours profondément attachée à l’idée d’une double origine unifiée dans les Ecritures… La communauté chrétienne sous ses formes catholiques, protestantes, et orthodoxes a tenu à affirmer qu’il y a deux dimensions à l’origine de l’Ecriture… deux dimensions qui demeurent unies telles des amis, des partenaires, des collègues” (14). Mais non, pas une seule fois dans l’histoire les vrais croyants bibliques n’ont acquiescé à cette notion entièrement humaine de la „double origine” des Ecritures. Dans ces Ecritures ils n’ont vu que la révélation de Dieu. Beaucoup sont morts sur le bûcher précisément pour cette raison. Quand McLaren parle „d’amis, de partenaires, de collègues” qui s’uniraient pour former l’Ecriture, il ne fait que reprendre l’idée catholique selon laquelle Tradition et Ecriture „sont reliées et communiquent étroitement entre elles” (15). Cette citation du Catéchisme catholique a le même sens que la déclaration de McLaren sur „l’idée d’une double origine unifiée dans les Ecritures”. Dans les deux cas, il s’agit d’un mensonge flagrant. Mais „l’orthodoxie généreuse” demande qu’on renonce à la vérité (qu’il s’agisse de spécificités doctrinales ou de faits historiques) pour adopter ces inventions-là. Ce n’est pas nouveau: c’est l’enseignement traditionnel de Rome, habillé autrement.

Le reniement de l’Evangile

McLaren renie résolument l’Evangile quand il écrit, par exemple:

„Notre christianisme tourné vers lui-même, axé sur le salut individuel, et inadapté n’est peut-être qu’un colossal et tragique malentendu; peut-être nous faut-il tendre l’oreille  pour écouter à nouveau le véritable chant du salut, qui est 'une bonne nouvelle pour toute la création’. Il vaut sans doute mieux mettre de côté tout ce que vous „savez” (si tant est que vous sachiez quelque chose) lorsque vous dites de Jésus qu’il est 'Sauveur’, et que vous portiez un regard neuf sur la question du salut. Commençons par quelque chose de simple. Le „salut”, dans la Bible, veut simplement dire „sauvetage”, ou encore „guérison”. Cela ne veut dire en aucun cas „sauver de l’enfer”, ou „donner la vie éternelle après la mort”, contrairement à ce que tant de prédicateurs affirment à longueur de sermon. Le sens du mot varie d’un passage à l’autre, mais d’une façon générale, dans tous les contextes possibles, ’sauver’ veut dire 'tirer quelqu’un de ses ennuis’. Il peut s’agir de maladie, de guerre, d’intrigues politiques, d’oppression, de pauvreté, d’incarcération, ou de n’importe quel mal, n’importe quel danger” (16).

Contrairement à McLaren, le Christ Jésus proclame: „Je vous montrerai qui vous devez craindre. Craignez celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de jeter dans la géhenne, oui, vous dis-je, c’est lui que vous devez craindre” (Luc 12:5).  Le Seigneur a résumé l’Evangile en disant: „Celui qui croit au Fils a la vie éternelle; celui qui ne se confie pas au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui” (Jean 3:36). Le contraste est saisissant: si à titre personnel on croit au Fils, on a la vie éternelle. Celui qui nie le salut personnel n’est pas seulement sous la colère de Dieu (ce qui signifie sûrement la mort de l’âme) mais encore la colère de Dieu demeure sur lui. McLaren nous offre là un reniement de la foi en bonne et due forme. Lui et ses adeptes ont accompli cette parole de l’Ecriture: „En ignorant la justice de Dieu, et en cherchant à établir leur propre justice, ils ne se sont pas soumis à la justice de

Dieu” (Romains 10:3). Cette hérésie que professe McLaren est partagée par d’autres pasteurs, d’autres auteurs du mouvement de l’Eglise Emergente, notamment Alan Jones. McLaren cautionne le livre de Jones, Reimagining Christianity: Reconnect your Spirit without Disconnecting your Mind (Réimaginer le Christianisme: rebranchez votre esprit sans débrancher votre pensée). Tout comme McLaren, Alan Jones rejette le centre et le cœur même du message de l’Evangile. Il a l’audace de déclarer: „Il faut en finir avec cette fixation de l’Eglise sur la mort de Jésus en  tant qu’acte salvateur universel, et il faut réinventer la place de la croix dans la foi chrétienne. Pourquoi? Parce que derrière cette conception se cache un culte de la souffrance, en même temps que celui d’un Dieu vengeur” (17). Jones ajoute: „Cette doctrine abominable s’appelle „la substitution pénale” (18).

Nous venons de le rappeler, le Seigneur a déclaré: „Celui qui ne se confie pas au Fils ne verra pas la vie éternelle, mais la colère de Dieu demeure sur lui” (Jean 3:36). Si McLaren  et d’autres, par exemple Alan Jones, persistent à nier le salut biblique personnel, ils ne connaîtront pas la vraie vie et le vrai bonheur: ni ici-bas, ni dans le monde à venir. Actuellement, ils sont sous la colère et la condamnation de Dieu. Comme il est impossible d’échapper à la colère de Dieu autrement que par le Seigneur Jésus-Christ, ceux qui refusent de croire en la substitution pénale accomplie par Christ en leur faveur devront entrer dans l’éternité sous la colère de Dieu et être jetés „dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents” (Matthieu 22:13). Tel sera le sort terrible réservé à ceux qui acceptent un enseignement reniant ce salut personnel dont il vient d’être question.

Mais McLaren ne semble pas se soucier de l’enfer, car il dit:

„La pensée de finir en enfer n’est-elle pas lourde au point que tout le reste s’en trouve dévalué? C’est mettre tellement l’accent sur l’importance de la vie après la mort, que sans y prendre garde on risque de dévaluer la vie avant la mort. Faut-il s’étonner si tant de gens pensent que le fait 'd’accepter Jésus comme Sauveur à titre personnel’ les rendra pires, encore plus égocentriques, moins soucieux de justice terrestre, tout préoccupés d’être pardonnés au ciel. Une fois de plus, bien que je croie en Jésus comme mon sauveur personnel, ce n’est pas cela qui fait de moi un chrétien. Je suis chrétien parce que je crois que Jésus est le Sauveur du monde entier (19). En disant cela, McLaren refait ce que tant d’autres ont fait avant lui: il réinvente un

Jésus qui est une sorte de fétiche de la justice sociale. Selon lui, „accepter Jésus comme Sauveur”, ce n’est  pas essentiellement  recevoir „le pardon”: c’est se centrer sur „la justice terrestre”. Le Seigneur Lui-même s’est prononcé sur le sens du péché aux yeux de Dieu: loin de Se faire le champion de „la justice terrestre”, Il enseigne que „quiconque commet le péché est esclave du péché… Si donc le Fils vous rend libres, vous serez réellement libres” (Jean 8:34, 36). Dans ce passage, le Seigneur montre clairement qu’Il ne parle pas d’esclavage politique, mais de celui qui est esclave de ses passions et de ses désirs mauvais. C’est de l’esclavage du péché qu’il parle, et de la liberté spirituelle que Lui-même vient offrir. Son message, c’est: „Mais si vous ne vous repentez pas, vous périrez tous pareillement” (Luc 13:5). Il n’a jamais appelé à faire régner „la justice sur la terre”. Fait intéressant, les prêtres catholiques Leonardo et Clodovis Boff sont d’accord avec McLaren: ils ont écrit que „la théologie de la Libération est née le jour où la foi a fait face à l’injustice perpétrée envers les pauvres” (20). Disons-le haut et fort: celui qui ne reçoit pas le salut spirituel par Jésus-Christ est dans une situation désespérée, car il mourra dans ses péchés. Quand McLaren dit: „Je suis chrétien parce que je crois que Jésus est le Sauveur du monde entier„, il donne l’impression que le monde entier constitue le royaume de Dieu. McLaren nie que cette profession de foi soit un appel à la repentance personnelle (ce qui serait la condition pour être sauvé du péché): cette conception-là du salut personnel n’est donc qu’une version réductionniste de „l’Evangile social”.

Le message véritable, c’est l’appel si clair que lance le Seigneur: „Car Dieu a tant aimé  le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle” (Jean 3:16). Le message du Seigneur sera toujours celui de „la vie éternelle”, même si des milliers de McLaren s’efforcent de le réduire à un quelconque pragmatisme, à un souci de justice terrestre. Pour pouvoir cesser de démolir la foi chrétienne, McLaren aurait tant besoin de la lumière des grands principes bibliques que dégagèrent les Réformateurs. Malheureusement, il se tourne vers une source plus ténébreuse encore que „l’Evangile social”: celle du mysticisme oriental.

Le poète mystique

Pour parvenir au mysticisme, McLaren a d’autres obstacles à écarter: la prédication de l’Evangile découlant d’une exégèse méthodique, la connaissance verbalement communicable, et la théologie systématique. Il doit détruire ces méthodes caractérisant la prédication et l’enseignement objectifs, car le mysticisme recherche une communication directe et subjective avec le Dieu Saint, dans laquelle on assume soi-même le rôle de médiateur. Mais la Bible indique clairement que ce rôle n’est confié qu’au Seigneur Jésus-Christ, „Car il y a un seul médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus homme” (1 Timothée 2:5).

Dans son chapitre intitulé „Pourquoi je suis mystique et poète”, McLaren ne dit aucunement ce qu’est un mystique, et il ne cite aucune définition émanant d’un autre auteur. Faisant usage d’une fausse dialectique, il écrit: „Cette voie mystique et poétique ne veut jamais oublier que la Bible elle-même contient très, très peu de prose explicative. Elle est au contraire une histoire à laquelle viennent s’ajouter des paraboles; elle est un poème entrelacé de visions, de rêves, et de morceaux d’opéra… Elle tient à la fois de la lettre personnelle et du chant sur la place publique; tout y est réuni sous l’effet d’une passion artistique débridée, toute spontanée.” (21) Pour McLaren, prêcher l’Evangile et les vérités bibliques en des termes qui s’adressent premièrement à la pensée, c’est les réduire à un facteur scientifique, mécanique et mort. D’après lui, ne doivent prêcher que des poètes qui s’adressent en premier lieu aux émotions. Il est aux antipodes d’une démarche qui fait appel à la pensée. Il cite Walter Brueggemann: „Le discours poétique est la seule proclamation qu’il vaille la peine de faire dans une situation de réductionnisme; je le répète, c’est la seule proclamation digne du nom de prédication” (22). McLaren fait immédiatement écho à Brueggemann en ajoutant: „Ce monde auquel la prose est étrangère… c’est le monde auquel accèdent le mystique, le contemplatif, le visionnaire, le prophète, et le poète.” Autrement dit, il insinue que ceux qui ont une pensée logique et raisonnée ne comprennent rien à la poésie et n’en ont que faire: mais c’est faux! Cette fausse distinction une fois posée, McLaren est prêt à fournir la synthèse des contraires; ce sera sa solution pour communiquer directement avec Dieu. Il écrit: „Il existe depuis longtemps des traditions chrétiennes qui reconnaissent l’importance profonde du mysticisme et de la poésie, et donc les limitations de la rationalité et de la prose: en font partie la ’via negativa’, la voie négative, et la tradition hésychaste qui découvre Dieu dans le silence. Ces deux traditions nous rappellent les limites du langage, quand il est question de Dieu…” (23) Cette tradition hésychaste (24) sera la synthèse, le nouveau „cercle émergent” venant englober la dichotomie fallacieuse que fait McLaren entre la pensée et les émotions. Dès lors, il a introduit dans son argumentation cette notion „plus vaste”, c’est-à-dire „émergente”: la découverte de Dieu au travers du silence, cette notion émanant du monachisme oriental. Il conclut en ces termes:

„Une orthodoxie généreuse (contrairement aux orthodoxies étroites, crispées, critiques et éprises de censure qui ont tant marqué l’histoire de christianisme) ne se prend pas elle-même trop au sérieux. Elle est humble; elle n’a pas trop de revendications… Elle ne croit pas que l’orthodoxie soit l’apanage exclusif des prosateurs érudits (des théologiens), mais comme Chesterton, elle fait bon accueil aux poètes, aux mystiques, et même à ceux qui choisissent de se taire ou de parler très peu, y compris à ceux qui sont déçus ou qui doutent. Leur silence est une éloquente déclaration de la majesté de Dieu, laquelle dépasse tout ce que l’homme est capable d’articuler” (25).

Maintenant McLaren a préparé le terrain pour le mysticisme, et pour étayer sa nouvelle position, il fait l’éloge d’Ignace de Loyola, ce mystique qui fonda l’ordre des Jésuites, fut à l’origine de la Contre-Réforme, et mourut hors de la foi (26).

Au moyen de ce processus de „pensée émergente”, c’est-à-dire de la dialectique hégélienne, McLaren est parti de l’enseignement biblique objectif pour arriver au mysticisme, faisant appel à l’exemple d’Ignace de Loyola pour donner l’impression que le mysticisme est acceptable en Occident. Il relate une de ses propres expériences mystiques avec Dieu:  „Pendant vingt minutes environ, j’ai senti que tout arbre, tout brin d’herbe, toute flaque d’eau annonçait avec une éloquence particulière la grandeur de Dieu… Ces objets spécifiques et concrets sont devenus translucides: ils semblaient traversés par une lumière puissante, indescriptible, invisible. La beauté des créations qui m’environnaient… parut … exploser, comme dans une détonation éclatante de gloire. Je fus bouleversé par une extase que je ne saurais décrire. A cette seule pensée, les larmes me viennent aux yeux alors que je suis assis devant mon clavier. J’avais une joie débordante rien que de voir ces chefs d’œuvre de la création de Dieu, de savoir que j’en faisais partie; de sentir et de savoir que „nous” toutes, ces créatures, ces molécules, ces phénomènes, nous étions ensemble connues et aimées de Dieu, dont l’étreinte nous réunissait dans le „Nous” suprême.” (27).

On a le cœur brisé quand on voit les ténèbres où est tombé cet homme. Il déclare que cette expérience mystique lui a permis de connaître le „Nous” suprême. Cela ne peut pas être. Dieu est saint, entièrement „autre” que Sa création. L’homme n’accède pas directement à Dieu: le Seigneur Jésus-Christ est l’unique Médiateur entre Dieu et les hommes. McLaren a commis une erreur tragique à propos de cette expérience: il a été trompé par cette „lumière” qui lui donnait l’impression de faire partie de Dieu. La confusion entre Dieu et Sa création a toujours été la marque de l’hindouisme, du bouddhisme, et de tous les polythéismes depuis des temps immémoriaux.

Le point culminant

Pour McLaren, dès lors, le salut n’est plus personnel, mais universel; à la place du Dieu Très Saint, il ne garde plus que sa propre conception d’une divinité aimante; et la théologie cesse d’être l’étude de Dieu pour devenir celle de l’homme. McLaren a aussi inventé un nouveau genre de salut, qui consiste à être „tiré de ses ennuis”. Tous ses écrits laissent apparaître sa stratégie pour le succès, à savoir la méthodologie catholique romaine de l’œcuménisme. Derrière la poésie et la rhétorique du mouvement de McLaren se cache l’hérésie. Le paradigme de McLaren participe de l’apostasie; il laisse apparaître tant de duplicité et de fausseté qu’il équivaut à un abandon de l’Evangile de la grâce. La tactique de Satan reste inchangée: il propulse sur le devant de la scène des leaders qui se croient vraiment chrétiens mais proposent de nouvelles techniques anti-bibliques au lieu de présenter l’œuvre glorieuse de Jésus-Christ. McLaren propose sa stratégie œcuménique, sa nouvelle définition de Dieu, un contraste fictif au lieu de la Parole de vérité, une nouvelle définition de la théologie, une version révisionniste de l’histoire, un refus catégorique des principes bibliques fondamentaux, et un rejet de l’Evangile – et on pourrait allonger cette liste.  Tout cela est typique de l’œuvre de l’antichrist. C’est le péché d’un homme qui se veut „spirituel”. A moins d’être très attentifs aux mises en garde bibliques, et à l’état de leur propre cœur et de leur propre maison, les chrétiens peuvent être séduits par ce système fatal. A moins que dans l’Eglise Evangélique la génération présente ne considère avec le plus grand sérieux l’Evangile tel qu’il a été annoncé par le Seigneur et Ses Apôtres, elle va fusionner de plus en plus avec la Rome papale. L’Eglise romaine essaie déjà d’usurper la place de Christ et les prérogatives de Christ: loin de Le représenter, elle est représente Son pire ennemi. Si les peuples succombent devant le mouvement de l’Eglise émergente, ils succomberont à  „la puissance de Satan, avec toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges mensongers” (2 Thessaloniciens 2:9). Existe-t-il un verset qui décrive mieux la papauté que celui-là? Cette dernière se maintient à grand renfort de tromperies et de pratiques illusoires. Nous assistons maintenant à la montée et à la réussite d’un mouvement qui incarne pour une large part les stratégies et les doctrines de cette Rome papale. Les artifices subtils et les faux-semblants du monde sont manifestement présents dans le mouvement de l’Eglise émergente, qui se propage avec une facilité remarquable, tout comme le fait la papauté. On a là une apostasie patente conduisant au naufrage de la foi. Mais notre part est de craindre le Dieu Très Saint, d’obéir à Ses commandements, et de „retenir dans la foi et dans l’amour qui est en Christ Jésus, le modèle des saines paroles…reçues”  (2 Timothée 1:13). Nous devons absolument demeurer inébranlables dans l’Evangile. La situation est périlleuse quand ceux qui disent être des chrétiens véritables n’ont pas conscience des assauts que subit actuellement cet Evangile. Ceux qui veulent lutter pour la foi de l’Evangile doivent tenir ferme, conscients des dangers actuels, persévérant sans flancher à l’heure de la crise. Comme l’a dit l’Apôtre, demeurons „fermes dans un même esprit, combattant d’une même âme pour la foi de l’Evangile” (Philippiens 1:27).

(Dans la troisième partie, nous examinerons le mysticisme catholique syncrétiste dans le mouvement de l’Eglise émergente.)


Notes:

  1. Brian McLaren, A Generous Orthodoxy, (Grand Rapids MI: Ed. Zondervan, 2004) pp. 276-278. Tout élément souligné dans les citations ci-dessus l’est également dans le texte original.
  2. Le modèle hégélien part d’une thèse, puis il introduit une antithèse. Pour finir, thèse et antithèse se combinent pour donner une synthèse, laquelle devient à son tour une nouvelle thèse, et le même processus recommence. Cette méthode de pensée joue un rôle essentiel dans le marxisme.
  3. McLaren, pp. 284-285.
  4. McLaren, p. 23 : „Comme dans la plupart de mes autres ouvrages… je me suis donné du mal pour être provocateur, narquois, et obscur, et pour montrer qu’à mon avis, la clarté est parfois chose surestimée”.
  5. McLaren, p.210.
  6. Voir en particulier à ce sujet Jean 10:35, Proverbes 30:5-6, 1 Corinthiens 4:6, et 2 Timothée 3:15-17.
  7. Voir entre autres passages Romains 3:24, et Ephésiens 2:8-9.
  8. Actes 16:31, Romains 4:5 et 5:1.
  9. Ephésiens 1:3-14, 1 Timothée 2:5, Actes 4:12.
  10. 1 Corinthiens 10:31, Colossiens 3:17.
  11. McLaren, p. 198.
  12. McLaren, p. 162.
  13. Catéchisme de l’Eglise Catholique, § 81. Les éléments en italique sont dans l’original. Editions Centurion/Cerf/Fleurus-Mame/Librairie Editrice Vaticane, Paris 1998.
  14. McLaren, p.162.
  15. Catéchisme de l’Eglise Catholique, § 80. Extrait de l’ouvrage cité ci-dessus.
  16. McLaren, p. 93.
  17. Alan Jones, Reimagining Christianity: Reconnect Your Spirit without Disconnecting Your Mind, Hoboken NJ: John Wiley & Sons, Inc., 2005, p. 132.
  18. Alan Jones, p. 168?
  19. McLaren p. 100. Eléments soulignés dans le texte original.
  20. Introducing Liberation Theology http://www.landreform.org/reading0.htm 10/02/06
  21. McLaren, p. 155.
  22. McLaren, p. 146.
  23. McLaren, p. 151.
  24. La tradition hésychaste coïncide dans l’ensemble avec les pratiques monastiques orthodoxes d’orient.
  25. McLaren, p. 155.
  26. Lire la comparaison que fait l’historien J.A. Wylie entre la vie et les expériences d’Ignace de Loyola et celles de son contemporain Martin Luther. History of Protestantism, Livre 15. Première édition en 1878. Réimpression chez Hartland Publications, 2002. Ce chapitre figure aussi sur le site bereanbeacon.org/
  27. McLaren, p. 178.

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3e-partie

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