Aux Lecteurs
Chers amis qui œuvrez pour la cause de l’Evangile,
Etant donné que l’Eglise Emergente continue de toucher la France et d’autres nations francophones, il importe de démasquer ses enseignements pernicieux. Notre premier article montrait comment l’Eglise Emergente fait la promotion du catholicisme. Le deuxième expliquait de quelle manière l’un de ses chefs de file, Brian McLaren, écarte l’Evangile et l’autorité de la Bible au profit du mysticisme. Ce troisième article montre comment Tony Jones, un autre leader du mouvement „émergent”, entraîne les jeunes et les responsables de mouvements de jeunesse dans le mysticisme oriental, sous couvert de mysticisme catholique classique. Si vous en avez la possibilité, je vous demande de diffuser l’article ci-dessous, ainsi que les deux premiers, sur un site Internet.
Bien à vous, dans la grâce de notre précieux Sauveur,
Richard Bennett
Dans un article de fond de l’hebdomadaire „Newsweek” intitulé „La spiritualité en Amérique” (Numéro du 29 août au 5 septembre 2005), on lit: „Les Américains veulent faire l’expérience de Dieu, et goûter personnellement à l’extase” (1). Cet article montre que l’Amérique et une grande partie du monde occidental s’ouvrent de plus en plus au mysticisme. Un facteur important, ici, est la caution officielle accordée en 1965 à l’hindouisme et au bouddhisme par le Vatican.
„Ainsi, dans l’hindouisme, les hommes… cherchent la libération des angoisses de notre condition, soit par les formes de la vie ascétique, soit par la méditation profonde, soit par le refuge en Dieu avec amour et confiance.
Dans le bouddhisme… on enseigne une voie par laquelle les hommes, avec un cœur dévot et confiant, pourront soit acquérir l’état de libération parfaite, soit atteindre l’illumination suprême par leurs propres efforts ou par un secours venu d’en haut. L’Eglise catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions.” (2)
La nature et le but du mysticisme catholique
Deux mois après la publication de cette énormité, par laquelle le Vatican cautionnait le mysticisme païen, un autre document papal bien connu fit apparaître le cœur même de la politique catholique romaine.
„Le deuxième Concile du Vatican… veut exposer comment il envisage la présence et l’action de l’Eglise [catholique romaine] dans le monde d’aujourd’hui.
Le monde qu’il a ainsi en vue est celui des hommes, de la famille humaine tout entière avec l’univers au sein duquel elle vit…
Voilà pourquoi, en proclamant la très noble vocation de l’homme et en affirmant qu’un germe divin est déposé en lui, ce Saint Synode offre au genre humain la collaboration sincère de l’Eglise pour l’instauration d’une fraternité universelle qui réponde à cette vocation.” (3)
Pour promouvoir à sa guise son action dans le monde, l’Eglise catholique propose un dialogue avec les Hindous et les Bouddhistes et met en avant leurs concepts, en particulier l’idée d’un „germe divin” qui serait déposé dans l’homme. Mais s’il y avait en l’homme un tel „germe divin”, l’humanité serait de la même essence que Dieu. Cette doctrine-là veut nier la transcendance absolue de Dieu et la dépravation totale de l’homme naturel, de l’homme non régénéré. C’est du panthéisme, ni plus ni moins. Le tout premier verset de la Bible déclare: „Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre.” Peut-on affirmer plus clairement que Dieu est distinct tout ce qu’Il a crée? Dans Sa Parole, le Seigneur Dieu révèle qu’Il est unique, et qu’Il est séparé de Sa création. On ne peut en aucun manière confondre le Créateur et la création. Si aujourd’hui cette déclaration panthéiste émanant du Pape n’avait pas été reprise et remise sur le marché par certains Evangéliques modernes, on aurait pu croire que ces paroles du Vatican étaient l’expression d’un œcuménisme séducteur visant uniquement le paganisme oriental.
La base véritable de la communion avec Dieu
La doctrine de la Trinité et l’Evangile sont la base de la communion avec Dieu. La communion avec Lui comprend toute cette relation fondée sur la grâce et sur la foi, et c’est là le fondement de l’Evangile. Le chrétien jouit de la communion avec Dieu; c’est le Seigneur
Dieu qui prend l’initiative de cette communion, et qui à chaque étape la contrôle entièrement. La doctrine de la Trinité est le fondement de la foi chrétienne et aussi de l’expérience chrétienne. La vie glorieuse de la Divinité est à la base de la vie du chrétien. Les pages de l’Ecriture nous font comprendre que le Père est à l’origine de tout le message du salut. C’est Lui qui s’est choisi un peuple, et qui a choisi Son Fils pour racheter ce peuple au moyen de Sa vie parfaite et de Son sacrifice. L’Evangile et la vie chrétienne dépendent entièrement de la nature du Père, révélé en tant que Dieu d’amour. L’expérience chrétienne dépend entièrement du Christ Jésus. L’œuvre du Saint-Esprit, dans l’expérience chrétienne, consiste à communiquer et à faire connaître au chrétien l’amour du Père et la grâce du Fils. Le SaintEsprit est le principe et la source de toute vie chrétienne authentique. Il est la source de la communion que nous avons avec Dieu dans cette vie; il en a le contrôle. La communion avec Dieu, voilà l’incomparable privilège conféré par l’Evangile. Elle est fondée sur l’amour du Père, la grâce du Fils, et la communion du Saint-Esprit.
A cause de sa nature pécheresse, nul homme n’a de communion avec Dieu: „Ceux qui sont sous l’emprise de la chair ne peuvent plaire à Dieu” (Romains 8:8). Dieu est lumière, et nous sommes ténèbres. La lumière n’a pas de communion avec les ténèbres. Dieu est Vie, et nous, nous sommes morts dans nos transgressions et dans nos péchés: dans ces conditions il n’y a pas d’accord possible entre Lui et nous. Le don de la grâce est l’unique moyen d’accéder à la communion avec Dieu. Dieu ne communique jamais la grâce par une technique ou une stratégie humaine: Il la communique seulement par le Christ Jésus. Là, nous touchons du doigt l’erreur fondamentale de cette conception moderne de la foi qui se veut „adaptée au personnes en recherche” (seeker-sensitive). Il faut en effet être en Christ avant „d’avoir, par la foi en lui, la liberté de nous approcher de Dieu avec confiance” (Ephésiens 3:12). Pour que des pécheurs entrent en communion avec le Dieu infiniment Saint, il faut l’intervention directe du Christ Jésus. Une telle communion avec le Père, le Fils, et le Saint-Esprit est au cœur même du message du Nouveau Testament, comme le dit l’Apôtre: „Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous!” (2 Corinthiens 13:13).
Un syncrétisme mystique populaire, à l’usage de la jeunesse
Tony Jones est le coordinateur national de l’organisation „Emergent-US”, ainsi que le pasteur des jeunes à la „Colonial Church” d’Edina au Minnesota. Il fait partie des orateurs habituels lors des conventions pour jeunes „Youth Specialties National Youth Workers”. Dans le créneau qui est le sien, on lui accorde suffisamment de considération pour lui avoir confié un séminaire lors de la „Conférence Nationale des Pasteurs” de Zondervan en février 2006. En quatrième page de couverture de son livre Soul Shaper: Exploring Spirituality and Contemplative Practices in Youth Ministry on lit: „Cet ouvrage est assurément le manuel le plus complet pour qui veut étudier et mettre en œuvre les pratiques contemplatives à l’usage de vos adolescents – et par-dessus tout, à l’usage de votre propre âme.” (4) Ce livre est spécifiquement conçu pour les pasteurs et les responsables de la jeunesse. Jones va jusqu’à recommander les Œuvres Complètes de Maître Eckhardt, „ce traité mystique, mettant l’accent sur le fait que Dieu habite l’humanité„. (5) Cette remarque à elle seule devrait suffire à alerter tout vrai chrétien quant au panthéisme latent de Jones.
Pas de témoignage au sujet du salut en Jésus-Christ
Ni dans l’un ni dans l’autre des deux livres de Jones, pas plus dans Soul Shaper:
Exploring Spirituality and Contemplative practices in Youth Ministry (2003) que dans The Sacred Way: Spiritual Practices for Everyday Life, on ne trouve de présentation de l’Evangile. Comme c’est le cas pour bien d’autres leaders de l’Eglise Emergente, le témoignage de Jones n’est pas celui d’un pécheur convaincu de n’avoir rien à espérer de lui-même devant le Dieu Très Saint, et venant à Christ, au seul Sauveur. Au contraire, le premier chapitre, „En quête de Dieu”, du deuxième ouvrage (publié en 2005) montre que l’auteur tâtonne encore dans les ténèbres de l’incrédulité.
„Certains d’entre nous restons persuadés que constamment Dieu nous suit à la trace, nous poussant à vivre droitement, et s’attendant à ce que nous lui adressions la parole de temps à autre… Chaque fois que je ne suis plus à côté de Dieu, si je puis m’exprimer ainsi, il ne se passe guère de temps avant que je ne sente que Dieu me suit, et que je suis incapable de le repousser. Pourtant, ce sentiment de la présence divine n’entraîne pas obligatoirement une vie spirituelle profonde. Je le sais, parce que tout en ayant conscience de la présence de Dieu, j’ai passé le plus clair de ma vie à me demander ce que je devais faire à ce propos.” (6)
Tel est le triste témoignage d’un homme qui n’est pas „en Christ„, et qui néanmoins est l’un des leaders les plus en vue de l’Eglise Emergente, et qui rédige et diffuse des documents à l’usage des pasteurs de groupes de jeunes.
De son éducation au sein d’une église protestante, il écrit: „Ma vie religieuse pouvait se résumer en un seul mot: l’obligation. (7) Comme on pouvait s’y attendre, il laissa tomber son programme de prière obligatoire, de lecture biblique, et de „culte personnel”, mais il fut rempli de culpabilité.
„Une pensée m’est venue: 'Cela fait des millénaires que les gens cherchent à suivre Dieu… Peut-être qu’ici ou là certains d’entre eux ont découvert des moyens d’entrer en contact avec Dieu, susceptibles d’aider les gens comme moi…’ La meilleure chose que je pouvais faire, c’était de passer [mon trimestre de congé sabbatique] à voyager pour étudier l’éventail des anciennes pratiques de prière et de dévotion.” (8)
Au cours de ses voyages, il participa à des veillées de prière qui faisaient le tour du cadran, et il se rendit à Dublin, en Irlande, pour y rencontrer un prêtre catholique, Alan McGuickian, ainsi que le personnel du Centre de Communication des Jésuites. Il „dévora” les écrits des mystiques catholiques romains, et eut des entretiens avec des Protestants, des Catholiques, et des Orthodoxes. Jamais il ne parle d’étudier la Bible de manière plus approfondie, ni de chercher quelles sont les grandes vérités de l’Ecriture Sainte. Sa quête fait penser à celle d’Ignace de Loyola. (9) Fait significatif, Tony Jones recommande aux responsables de groupes de jeunes, et aux jeunes, d’étudier et de pratiquer les Exercices Spirituels du fondateur des Jésuites. Il ressort nettement de ses déclarations que „l’obligation” joue encore un rôle capital dans sa conception de la vie chrétienne. Il ressort tout aussi clairement que Tony Jones n’a aucune connaissance solide de Dieu émanant de Dieu Luimême. Autrement dit, il ne connaît pas Dieu tel qu’Il est révélé par Son Esprit au travers de la Bible. Jones ne croyant pas fermement que seule la Bible donne la véritable connaissance de Dieu, Dieu Lui-même demeure à ses yeux une vérité floue. Jones reste donc libre de définir son propre dieu, et de s’acquitter de ses obligations envers ce dieu de sa fabrication. En prenant pour critères de base les traditions romaines et grecques, il parvient à remplir ses obligations de façon apparemment acceptable, en accord avec une longue tradition. Il se livre à d’anciennes pratiques mystiques, tirées pour la plupart du catholicisme romain. Et pourtant, devant le Dieu Très Saint, il est clair qu’il reste comme un étranger, coupé de la grâce salvatrice qui est dans le Christ Jésus.
Il convient de considérer attentivement sa définition du mot „chrétien”. Dans The Sacred Way, il écrit:
„Pendant de longues années, on m’avait dit que pour être chrétien, il me fallait faire trois choses: premièrement, lire la Bible; deuxièmement, prier; et troisièmement, aller à l’église. Mais j’avais fini par me rendre compte qu’il devait y avoir quelque chose de plus. Et c’est bien vrai. Parmi ceux qui ont suivi Jésus, on trouve une longue tradition de recherche, en fait une quête de moyens pour entrer en contact avec Dieu… Dans cette quête, ils ont cherché à mieux connaître Jésus, à le suivre de plus près, et à se laisser mystérieusement envelopper de sa présence. Je remercie Dieu de ce que certaines de ces personnes brillantes et spirituelles ont mis par écrit ce qu’elles ont appris” (pp. 16-17).
Ce qui manque complètement, dans la description que donne Jones des conditions pour „suivre Jésus de plus près”, c’est la conviction de péché, et donc le besoin d’avoir un
Sauveur. En l’absence d’une conviction de péché, on n’a pas la vie dans le Christ Jésus. Le Seigneur déclare que le Saint-Esprit „convaincra le monde de péché, de justice et de jugement” (Jean 16:8). C’est l’œuvre du Saint-Esprit que de convaincre: Il accomplit cette œuvre avec efficacité, et Il est bien le seul à pouvoir ouvrir les pensées et le cœur d’un pécheur à la foi salvatrice. Apparemment, Jones n’a nulle conscience de cette vérité, car il ne dit rien du Seigneur Jésus-Christ en tant que Sauveur, et ne fait aucune mention du rôle du Saint-Esprit dans la communication de cette conviction. On ne peut donc pas dire que Jones „suit le Seigneur Jésus-Christ” au sens biblique, car son dieu n’est pas le Dieu très Saint de la Bible, et donc son „Jésus” n’est pas le Seigneur Jésus-Christ de la Bible.
„Du zèle pour Dieu, mais sans connaissance”
Jones dit bien, cependant, qu’à son sens „le chemin de la paix intérieure, et le moyen d’être relié à notre Créateur passe par Jésus”. (10) Mais en même temps il affirme que „le but de ces pratiques est de me faire entrer dans une relation plus profonde avec le Dieu chrétien.” Il préconise les pratiques mystiques, mais se déclare incapable de dire pourquoi il les trouve si utiles. Il ne sait pas pourquoi elles sont si efficaces, mais le fait est qu’elles le sont. Il déclare ensuite:
„Je crois qu’elles sont efficaces à cause de Jésus. Je crains de ne pas pouvoir vous en dire davantage. Mais je le crois, c’est quelque réalité en rapport avec Jésus qui a inspiré les découvreurs de ces disciplines dans les siècles passés. C’est lui qui les a conduits au cours de leur quête, qui en fait est de nature purement chrétienne. Seul le christianisme croit que l’unique Dieu véritable est venu sur la terre en tant qu’être humain, et que même aujourd’hui, je peux le connaître de façon aussi personnelle que les disciples qui mangeaient avec lui il y a deux mille ans. Je veux dire que les Chrétiens se livrent à ces pratiques spirituelles non par devoir ni par obligation, mais parce qu’une promesse s’attache à elles: Christ viendra personnellement à notre rencontre au milieu de ces disciplines.
Quand on y pense, c’est fou… certains saints qui recommandaient ces disciplines en sont arrivés à de telles extrémités que leurs contemporains les ont considérés comme des malades mentaux. (Saint François a prêché aux oiseaux de la forêt – tout nu)… La pratique chrétienne traditionnelle [de ces disciplines mystiques] a trait à un mode de vie et à une foi qui s’est affinée tout au long des siècles. C’est un moyen, c’est le moyen de vivre de la vie divine sacrée.” (11)
Pour Jones et pour les mystiques catholiques et grecs, cela n’a aucun sens de parler de „conviction de péché par le Saint-Esprit”. Ils ne croient pas que Dieu se soit Lui-même fait connaître par la Bible seule, ni que cette révélation puisse faire l’objet d’une formulation verbale. Ils négligent cet appel que Dieu lance au pécheur: „Venez donc et plaidons, dit l’Eternel. Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige…” (Esaïe 1:18). Au lieu de mettre en action leur pensée, au sujet du péché et du besoin qu’a l’homme d’une justice parfaite en présence du Dieu Saint, ils cherchent une rencontre subjective avec Dieu au moyen d’exercices spirituels. Ces pratiques les dispensent de toute réflexion vigoureuse sur la vérité biblique présentée dans la Parole écrite. Quand elle survient, cette expérience d’union (supposée) avec Dieu procure un sentiment de plénitude spirituelle. Rechercher cette expérience subjective, qualifiée d’illumination, c’est tenter de remplacer le Seigneur Jésus-Christ par un produit de substitution. Les paroles de Jones que nous venons de citer équivalent à un reniement du Seigneur, rien de moins. L’homme déchu ne peut pas communiquer avec Dieu autrement que par Jésus-Christ, seul Médiateur, seul Chemin. Les paroles du Seigneur Lui-même font voler en éclats, une fois pour toutes, l’expérience mystique subjective en tant que moyen d’accéder au Père: „Je suis le chemin, la vérité et la vie: personne ne vient au Père que par moi” (Jean 14:6). Le Seigneur Jésus-Christ est la seule solution offerte par l’amour du Père pour le péché de tout homme, la seule qui comble son besoin d’une justice parfaite.
Historiquement parlant, les pratiques spirituelles décrites par Jones sont issues du système monastique, où elles ont prospéré. Ces exercices mystiques étaient inséparables des pratiques ascétiques si répandues en Egypte et en Orient. Ces pratiques sont sous-tendues par une philosophie selon laquelle le corps est le siège du mal; dans cette optique, il faut donc en premier lieu mortifier le corps, tout en pratiquant des rites spirituels censés permettre à l’homme de rencontrer Dieu.
Les apostasies d’autrefois reprennent vie
Dans Soul Shaper, Tony Jones préconise seize outils spirituels ou disciplines „d’hier et de demain”: par exemple, la Prière de Jésus, la Lectio Divina, le Silence et la Solitude, les Stations de la Croix, la „Prière de Concentration”, l’Examen selon Ignace de Loyola, et le Labyrinthe. Partant du principe que tout clivage entre Catholiques et Evangéliques à propos de l’Evangile appartient au passé, Jones présente sa conception „post-moderne” du ministère auprès des jeunes: il emprunte divers éléments au christianisme évangélique, au catholicisme et à l’orthodoxie, et il les mêle à des pratiques religieuses orientales tirées du bouddhisme et de l’hindouisme. Auprès des mouvements de jeunesse et des responsables de groupes de jeunes, Tony Jones joue un rôle particulièrement dangereux, préconisant d’obscures pratiques hérétiques empruntées à la Rome papale. A un public qui ne se doute de rien, il donne l’impression d’avoir découvert un trésor spirituel caché, pour le plus grand bien de la chrétienté „postmoderne”. Son objectif principal est de présenter ses conceptions très catholiques, voyant en elles „le passé revenu à la vie pour notre époque”. (12) Là, les chrétiens fidèles à la Bible doivent se montrer d’autant plus vigilants que Tony Jones s’adresse à des auditeurs particulièrement jeunes.
Il y a péril car la plupart des responsables de groupes de jeunes connaissent bien peu l’histoire de l’Eglise chrétienne et ne voient donc pas qu’on les entraîne dans un marché de dupes. De plus, les pasteurs des principaux courants évangéliques apprennent ces mêmes pratiques dans des rassemblements comme la Conférence Nationale des Pasteurs de 2006, organisée par les Editions Zondervan. Hélas, Tony Jones égare les pasteurs et les jeunes en écrivant que „depuis deux millénaires, les saints de l’église chrétienne sont à l’œuvre, pratiquant et affinant ces disciplines” (13). Il déclare aussi: „Il se peut que vous deviez renoncer, dès la page de couverture, à l’étroitesse d’esprit dénominationnelle. Un grand nombre de ces pratiques vous sembleront particulièrement „catholiques” ou particulièrement „orthodoxes”. Si vous n’êtes pas issu de ces traditions-là, n’oubliez pas qu’avant 1054 nous étions tous catholiques et orthodoxes! En effet, tout au long du premier millénaire de l’histoire chrétienne, il n’y avait qu’une seule église, et la plupart des pratiques dont il est question dans ce livre remontent à cette période-là.” (14). Mais non, telle n’est pas l’histoire véritable du christianisme avant 1054. Jones a de toute évidence adopté la version de l’histoire qui a cours dans l’Eglise catholique romaine apostate. Comme par hasard, il oublie les Vaudois, les disciples de Valdo, les Pauliciens, les Albigeois, les chrétiens d’Espagne, et bien d’autres qui n’ont jamais, au cours des onze premiers siècles, suivi les pratiques mystiques propagées constamment par la papauté depuis le Haut Moyen Age.
Tony Jones a été profondément influencé par un mystique catholique, Thomas a Kempis (1380-1471). Tous les chapitres de Soul Shaper commencent par une citation de cet auteur. En fait Jones écrit: „Thomas a Kempis fut notre guide tout au long de notre exploration de ces anciennes pratiques spirituelles” (p.254). De „L’imitation de Jésus-Christ„, Jones dit: „Cet ouvrage contient énormément d’histoire et de théologie” (p. 19). Mais l’histoire et la théologie qu’il présente sont fortement orientées dans le sens catholique romain. Les pages contenant les „lectures recommandées” par Jones constituent un catalogue des mystiques les plus notoires, et plus particulièrement des mystiques catholiques. Il encourage les responsables de la jeunesse à lire „Ignace de Loyola, Catherine de Sienne, Henri Nouwen, Jean de la Croix, Thomas Merton, Thérèse de Lisieux, et George Fox” (pp. 252-253).
Un syncrétisme mystique plus recherché, plus meurtrier
L’Evangile présente un message ouvert, simple et sans détours. En revanche, dans son livre The Sacred Way: Spiritual Practices for Everyday Life, le message de Tony Jones est encore plus habile et plus dissimulé que dans son précédent ouvrage, Soul Shaper. Dans The Sacred Way Jones préconise les „Exercices Spirituels” d’Ignace de Loyola, et d’autres pratiques mystiques catholiques telles que le Labyrinthe, la „Prière de Concentration”, les Stations de la Croix, et la „Prière de Jésus”. Au lieu de proclamer droitement l’Evangile de la grâce qui conduit à la communion avec le Père, il offre un frauduleux produit de substitution:
la méthode mystique catholique romaine. Il attire ainsi ses lecteurs dans un „trou noir” spirituel.
La mise en œuvre de la philosophie mystique de Tony Jones passe par le message humaniste d’Ignace de Loyola et par les techniques qu’enseigna ce dernier. Jones insiste sur la manière dont le fondateur des Jésuites utilisa la visualisation et les choix émanant de l’homme, afin de vaincre le mal et de devenir ce qu’il veut être. Dans le chapitre 8 de Soul Shaper, „L’examen selon Ignace”, Jones déclare:
„Dès le premier jour, en méditant sur l’Incarnation et la Nativité de Jésus, jusqu’à la dernière méditation portant sur la semaine avant le dimanche des Rameaux, le retraitant imagine que Lucifer a déployé toutes ses troupes dans la même plaine, prêt à engager la bataille; face à lui Jésus et toute son armée se présentent pour le combattre. A la fin de cette semaine, selon Ignace, le retraitant est prêt à faire son élection, c’està-dire à choisir l’armée dont il veut faire partie, et à choisir la personne qu’il veut être.” Se situer de cette manière, c’est manifestement s’identifier à ce que le Seigneur appelle „la chair”. „Ce qui est né de la chair est chair„, par opposition à „l’esprit” – „Ce qui est né de l’Esprit est esprit„. Au départ de ce qu’on veut faire passer pour „le salut chrétien”, il y aurait une élection accomplie par l’homme, l’homme choisissant sa propre destinée. On est là aux antipodes de ce que l’Apôtre Paul appelle „l’élection de la grâce„: „Si c’est une grâce, ce n’est plus par les œuvres; autrement la grâce n’est plus une grâce” (Romains 11:6). Le salut et la communion avec Dieu sont le fait de Son choix aimant et miséricordieux, c’est-à-dire de Son élection. Ils ne procèdent pas d’une manœuvre humaine quelle qu’elle soit.
Jones enseigne aussi des pratiques grossièrement idolâtres. Il fait la promotion des images, interdites par le Seigneur. Il donne à penser que la sainte présence de Dieu est visible dans les icônes. Comme Brian McLaren, il fait connaître son point de vue en citant d’autres auteurs qui partagent ses idées, mais jamais il ne présente le point de vue biblique. Dans The Sacred Way il cite une femme, membre de l’Eglise orthodoxe, qui déclare:
„La sobre présence du Seigneur dans une icône nous met mal à l’aise car elle nous donne de comprendre à quel point nous sommes loin de la beauté et de la puissance ineffables de Dieu… Le regard fixe et troublant du Seigneur dans une icône rappelle celui d’un chirurgien qui contemple le corps blessé et brisé d’un patient. Le chirurgien comprend ces blessures mieux que ne peut le faire le patient, et il sait exactement quel remède il faut. Notre Seigneur voit en nous des échecs et des brisements que nous ne voyons pas, ne voulons pas voir, ne supporterions pas de voir. Et il nous invite à nous ouvrir à la guérison, à une guérison qui progressera tout doucement, très lentement, et que nous serons capables de supporter.” (pp. 98-99). Loin de dénoncer dans cette conception sentimentale de l’icône une contrefaçon de la conviction de péché que donne le Saint-Esprit au moyen de la Parole de Dieu, en vue de la repentance et du salut en Christ seul, Jones se sert de cette fantasmagorie pour inciter ses lecteurs à utiliser des icônes. Ensuite il cherche à justifier l’idolâtrie en citant des légendes catholiques et en s’appuyant sur des auteurs catholiques modernes, car sans l’affirmer explicitement, il introduit son propre médiateur entre Dieu et l’homme, sous la forme de l’icône. Il déclare:
„Les Catholiques croient que le chrétien peut prier au travers des saints, surtout au travers de la Bienheureuse Vierge Marie, et qu’alors leurs prières parviendront au trône de Dieu… En un mot, nous nous servons d’icônes pour prier; mais nous prions au travers de l’icône, nous n’adressons pas nos prières à l’icône… Puisque nous croyons que ceux qui sont morts dans la foi vivent dès maintenant dans l’éternité avec Dieu, prier au travers de l’icône d’un saint revient simplement à demander à l’un de ces amis de prier pour moi.”
C’est très exactement de cette question que traite le chapitre 32 de l’Exode, dans lequel on voit Aaron fabriquer un veau d’or pour le faire servir au culte du Dieu Très Saint. Le peuple a supposé qu’il ne rendait pas de culte au veau, mais qu’il se servait de cette image pour rendre un culte au Dieu Saint. Dans Exode 20, versets 4 à 5, Dieu interdit explicitement de fabriquer de telles images: nous avons très grand besoin aujourd’hui de revenir à ce chapitre. Mais Tony Jones dit que nous sommes parvenus à l’époque post-moderne, ce qui signifie en fait une époque où l’Evangile est dépassé; justifiant l’usage des icônes par des légendes et des traditions catholiques, il donne le conseil suivant:
„Pour introduire la prière avec les icônes dans votre culte personnel, le premier pas consiste à vous procurer une icône… Il n’y a jamais d’ombre dans une icône, et le visage du sujet n’est jamais éclairé par une source lumineuse extérieure. C’est l’icône elle-même qui est source de lumière… Une icône ne sert pas à représenter un être humain normal, mais Jésus, ou Marie, ou un saint, en tant que ressuscités” (15). Ainsi Tony Jones, après voir tourné le dos à la conviction de péché que procure la prédication de la Parole de Dieu, cautionne l’image (que le Seigneur interdit) en faisant croire qu’elle sera bienfaisante pour la vie spirituelle. Mais le Seigneur, Lui, dit que ceux qui se servent des images sont ceux qui Le haïssent, et qu’Il châtiera leur iniquité jusqu’à la troisième et la quatrième génération (voir Exode 20:4-6).
Dans la postface de l’un et l’autre de ses livres, dans les parties intitulées „Comment développer une Règle de Vie”, Jones invite ses lecteurs à placer leur foi dans les exercices religieux.
„Suite à quelque expérience procurée par les pratiques séculaires que décrit ce livre, peut-être déciderez-vous d’incorporer certaines de ces disciplines dans votre Règle de Vie personnelle. Cela pourrait consister, par exemple, à prier deux centaines de la „Prière de Jésus” matin et soir chaque jour. Chaque semaine, vous pourriez observer le Shabbat depuis le coucher du soleil du vendredi jusqu’au coucher du soleil du samedi. Une fois par mois, vous pourriez parcourir un labyrinthe. Une fois par an, pourquoi ne pas faire retraite, et passer deux jours dans le silence? Jeûnez et faites le Chemin de Croix tous les vendredis pendant le Carême. Tous les dix ans, faites une retraite de 28 jours pour pratiquer les Exercices Spirituels d’Ignace de Loyola…” (16)
Une dernière platitude nous appelle à nous identifier à ce que nous „ressentons”.
„… Dans nos ministères, de nombreuses options se présentent à nous. Mais la discipline de vie n’en est pas une. Je veux dire qu’il ne s’agit là non d’une option, mais d’une obligation… Ralentissez. Ecoutez Dieu. Faites silence. Méditez. Faites le Chemin de Croix. Fixez du regard l’icône. Et alors, ne le ressentez-vous pas? Cette lumière divine du Christ ressuscité qui vacillait au-dedans de vous, la voilà qui peu à peu devient un grand flamboiement… ” (17)
Devant de telles pratiques, la voix du Seigneur retentit au travers de Sa Parole comme un coup de tonnerre: „Qui est celui qui obscurcit mes desseins par des propos dénués de connaissance?” (Job 38:2). En vérité, mieux vaudrait lire „Alice au pays des merveilles”! Ces idées de Jones ne sont que des inventions humaines; elles ne procèdent nullement des révélations divines que contient la Bible. Ce sont d’arrogantes vanités issues de la tradition catholique romaine: „Un tel homme s’abandonne à des visions, il est enflé d’un vain orgueil par ses pensées charnelles” (Colossiens 2:18). Ces pratiques catholiques traditionnelles que Jones recommande si chaleureusement ont peut-être une apparence de spiritualité, mais tout au long des siècles jusqu’à nos jours, elles se sont avérées trompeuses, et n’ont engendré que de l’orgueil et d’autres péchés. Dans la pratique, Jones nie que Christ soit le seul Médiateur entre Dieu et l’homme. Une des pires manières de dénigrer Jésus-Christ, c’est d’essayer d’introduire quelque autre médiateur entre Dieu et Sa création, et c’est ce que Jones fait sans vergogne. Mais quand les hommes renoncent à reconnaître en Christ l’unique Médiateur, ils sont pris au piège des traditions humaines et de la vaine spiritualité telle que le monde la conçoit: Jones en est lui-même une démonstration. Il donne l’impression que les exercices mystiques font merveille; en cautionnant le mysticisme, l’idolâtrie et les dévotions charnelles du catholicisme, il pourrait facilement ensorceler ceux qui le lisent et cherchent à pratiquer ses enseignements. Toutes ces reliques catholiques, qui selon Jones conviennent à l’époque „post-moderne”, sont en contradiction absolue avec la vérité biblique. Le Seigneur commande au chrétien de renverser „les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu”, pour amener „toute pensée captive à l’obéissance de Christ” (2 Corinthiens 10:4-5).
Conclusion
Etre en communion avec Dieu, c’est avoir part à la vie éternelle par la grâce, par la foi. On n’accède pas à cette communion-là par l’imagination, par la visualisation, en s’isolant, ou en recourant à quelque formule mystique. Les faux docteurs tels que Tony Jones et Brian McLaren ont tenté de supplanter l’Evangile, séduisant les multitudes par des doctrines qui peuvent conduire les âmes à la damnation éternelle. Le Christ Jésus notre Seigneur nous a avertis: „Plusieurs faux prophètes s’élèveront et séduiront beaucoup de gens” (Matthieu 24:11). Aujourd’hui le mouvement de l’Eglise Emergente regorge de pratiques contemplatives séduisantes. C’est seulement en étant extrêmement attentifs aux enseignements du Seigneur que les chrétiens pourront échapper à la destruction. Le grand danger dans les spiritualités comme celles de l’Eglise Emergente, c’est de remplacer la Parole écrite immuable par l’expérience subjective. Comme d’autres chefs de file de ce mouvement, Jones enseigne que par „les pratiques spirituelles” l’homme peut devenir conscient de Dieu, mais il ne mentionne ni exigence morale, ni la nécessité d’obéir aux commandements divins. La manière véritable de s’approcher de Dieu consiste à mettre sa confiance dans la vie parfaite de Christ et dans Son sacrifice; elle implique la repentance et le renoncement au péché. Si les Evangéliques suivent l’enseignement de Jones, ils aboutiront inévitablement aux pratiques ascétiques et à l’immoralité, comme il ressort de l’histoire de l’Eglise, et comme peuvent en témoigner ceux qui ont pratiqué ces choses. Le Christ Jésus proclame dans Sa Parole: „Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il entende…Prenez garde à ce que vous entendez” (Marc 4:23,24). Nous ne devons pas seulement rester fermement attachés à l’Evangile: le Seigneur nous commande aussi de prendre garde à ce que nous entendons. Pour Lui demeurer fidèles, il nous faut être attentifs à ce qui se passe autour de nous, et avec diligence demeurer „fermes dans un même esprit, combattant d’une même âme pour la foi de l’Evangile” (Philippiens 1:27).
Notes :
- http://www.msnbc.msn.com/id/9024914/site/newsweek/ 05/01/06
- Déclaration Nostra Aetate, § 2 http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vatii_decl_19651028_nostra-aetate_fr.html
- Constitution Pastorale Gaudium et Spes sur L’Eglise dans le monde de ce temps, § 1 et 2.
http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vatii_cons_19651207_gaudium-et-spes_fr.html Dans toutes les citations figurant dans cet article, les caractères gras sont ajoutés.
- Tony Jones, Soul Shaper: Exploring Spirituality and Contemplative Practices in Youth Ministry (Editions Zondervan, 2003).
- , p.252.
- Tony Jones, The Sacred Way: Spiritual Practices for Everyday Life (Grand Rapids, MI : Zondervan, 2005) p. 15.
- The Sacred Way, p. 15.
- , p. 16.
- Ignace de Loyola commença sa recherche par la lecture des vies de saints catholiques et par la vénération des images: son imagination passionnée le remplit de ferveur mystique. Mais rien de tout cela ne lui apporta le salut, et il mourut sans être sauvé.
- The Sacred Way, p. 17.
- The Sacred Way, pp. 18-19.
- Soul Shaper, quatrième page de couverture.
- The Sacred Way, 21.
- Soul Shaper, Introduction, p. 20.
- The Sacred Way, p. 103. Nous recommandons à titre d’antidote l’ouvrage de Virgil Dunbar, Christ Can’t Be Pictured, (=Il n’est pas licite de faire des images du Christ), disponible à l’adresse bereanbeacon.org/
- Soul Shaper, p. 233.
- The Sacred Way, pp. 198-199; Soul Shaper, pp. 233-234.