Richard Bennett et Stuart Quint

Le Seigneur Jésus-Christ condamnait les pharisiens parce qu’ils étouffaient la vérité de l’Évangile en plaçant leurs traditions sur un pied d’égalité avec la Bible. « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! Parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux : vous n’y entrez pas vous-mêmes, et vous n’y laissez pas entrer ceux qui veulent entrer. »[1]

Aujourd’hui, les hautes autorités de l’Église catholique romaine sapent la vérité de la même manière, mettant leurs traditions humaines sur le même plan que la Parole de Dieu. Le Pape François et la hiérarchie romaine élèvent ainsi leur autorité au-dessus des Écritures saintes. En conséquence, les catholiques ne mettent pas leur confiance première dans le Dieu Tout-puissant et sa Parole immuable, mais dans l’Église catholique et ses traditions changeantes.

Depuis le début de la Réforme il y a 500 ans, l’Église romaine persiste à user de son influence pour  dissimuler la vérité au sujet de l’Évangile de Jésus-Christ.

Le dernier stratagème romain pour escamoter les vérités de la Réforme

 En faisant croire aux personnes mal informées que la Réforme fut une erreur, Rome poursuit un objectif sinistre. L’Église romaine cherche en effet à étouffer la vérité que redécouvrit la Réforme, c’est à dire la gloire de l’Évangile de Jésus-Christ.

Pourquoi Rome se préoccupe-t-elle d’un événement historique remontant à 500 ans, dont la plupart de nos contemporains ont à peine conscience aujourd’hui ?

George Orwell a dit un jour : « La façon la plus efficace de détruire un peuple est de nier et d’effacer la compréhension de l’histoire qui est la sienne. »[2]

Bien des fois le Vatican a « remanié l’histoire », de manière à tromper et à manipuler les ignorants. On trouve deux cas notoires dans son traitement de ces personnages bibliques que sont l’apôtre Pierre, et Marie, la mère de Jésus : Pierre s’est vu transformer en « premier pape de Rome »[3], et Marie est devenue « la Toute Sainte ».[4]

Il n’y a pas si longtemps que cela, Rome manifestait sa fureur quand on affirmait que la Réforme avait été nécessaire. Comme le montrent le Concile de Trente et celui de Vatican I, la tactique romaine était alors de discuter des principes de la Réforme pour les condamner.

Toutefois, vers l’époque du Concile de Vatican II (1962-1965), Rome a adopté une tactique nouvelle. Sous couvert de fausse unité, elle exploite la crédulité de nombreux Évangéliques professants qui méconnaissent la vérité de l’Évangile et les principes de la Réforme. À l’occasion du 500e anniversaire de la Réforme, Rome va diffuser cette duperie sur une vaste échelle.

Un journal catholique bien connu en Grande-Bretagne cite des paroles du Pape François au terme d’une rencontre qu’il a eue avec des Luthériens en janvier 2017 :

« Après 50 ans de dialogue œcuménique officiel entre Catholiques et Luthériens, nous avons     réussi à exprimer avec clarté des points de vue communs. De cela, nous sommes           reconnaissants…

En même temps, nous entretenons dans nos cœurs une sincère contrition pour nos fautes.                                                               Dans ce même esprit, à Lund nous avons rappelé que l’intention de Martin Luther,

y a 500 ans, était de renouveler l’Église et non de la diviser.

Les documents publiés au cours de la semaine par le Conseil Pontifical pour l’Unité             Chrétienne affirment qu’au bout de 50 années de dialogue, les Catholiques sont capables

de recevoir l’interpellation de Luther adressée à l’Église d’aujourd’hui, et qu’ils reconnaissent       en lui « un témoin de l’Évangile ».[5]

Le Pape n’a pas le droit d’affirmer que Martin Luther et lui sont ensemble « témoins de l’Évangile ». Luther et le Pape François professent des évangiles qui diffèrent du tout au tout ! Le conflit d’il y a 500 ans existe encore aujourd’hui !

En 2017, Rome cherche constamment à persuader le monde que les Protestants n’ont plus aucune raison de rester séparés d’elle, et que maintenant, la Réforme a perdu toute raison d’être.

En janvier dernier, le Vatican a annoncé l’émission d’un nouveau timbre postal commémorant Martin Luther.[6] Diverses sources catholiques discutent du sens de ce revirement : le Vatican qui autrefois dénigrait la Réforme cherche maintenant à l’honorer. Certains se livrent même à des spéculations : normalement, l’émission d’un timbre pourrait signifier que le Vatican aurait le projet de canoniser Martin Luther, c’est à dire de faire de lui un « saint » de l’Église romaine.[7] En tout cas, ces événements ont des implications profondes. Mauro Olivieri, le directeur des services philatéliques et numismatiques du Vatican, donne à comprendre que non seulement l’émission de ce timbre est significative, mais encore qu’elle résulte d’ordres donnés directement par le Pape :

« Il nous faut essayer de comprendre le temps présent et d’interpréter le message que le                                       Saint Père veut communiquer… Il ne fait pas de doute que cette événement philatélique              commémorant le 500e anniversaire de la Réforme protestante marque un rapprochement        et montre que les incompréhensions mutuelles entre chrétiens ont été surmontées ; et ce qui est certain, c’est qu’un timbre sera émis. »[8]

Ce « rapprochement », cette réconciliation supposée, et l’idée que « les incompréhensions mutuelles entre chrétiens ont été surmontées » sont de la pure propagande destinée à promouvoir le programme du Vatican.

L’Évangile de la Réforme : La Bible seule est la Vérité, seule elle fait autorité[9]

Au 16e siècle, les Réformateurs redécouvrirent que la Parole écrite de Dieu constitue l’autorité suprême en matière de foi et de conduite de la vie. Les Écritures ne prennent pas la place de Dieu, mais elles expriment la pensée même de Dieu. Christ interdit aux hommes d’inventer des interprétations subjectives de la Parole divine.

« Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. Car je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra pas de la loi un seul iota ou un seul trait de lettre, jusqu’à ce que tout soit arrivé. »[10]

Élever une idéologie humaine au-dessus de la Bible revient à traiter Dieu de menteur. Rome rabaisse la gloire de Dieu en considérant sa propre tradition comme l’égale de la Parole de Dieu :

« L’une [l’Écriture Sainte] et l’autre [la Sainte Tradition] doivent être reçues et vénérées avec      égal sentiment d’amour et de respect. »[11]

L’Évangile de la Réforme : le salut s’accomplit par la grâce de Dieu seule

Les Réformateurs ont mis en lumière cette prodigieuse déclaration des Écritures, selon laquelle les pécheurs, morts par leurs offenses et par leurs péchés,[12] « sont gratuitement justifiés par sa grâce [la grâce de Dieu] par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ. »[13] Ces hommes ont été l’écho de la Parole de Dieu elle-même : « Car c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie. »[14]

S’opposant à cette vérité, Rome enseigne que la grâce est une simple aide, et qu’elle est communiquée par ses sacrements. « L’Église affirme que pour les croyants les sacrements de la Nouvelle Alliance sont nécessaires au salut. La 'grâce sacramentelle’ est la grâce de l’Esprit Saint donnée par le Christ et propre à chaque sacrement. »[15]

L’Évangile de la Réforme : le salut se reçoit par la foi seule

Les Réformateurs enseignaient que c’est Dieu qui accorde la foi conduisant le pécheur au salut. L’objet de cette foi est la personne du Seigneur Jésus-Christ lui-même. « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta famille. »[16] Dieu accorde cette foi à ceux qui écoutent sa Parole : « Ainsi la foi vient de ce qu’on entend,et ce qu’on entend vient de la Parole de Christ. »[17]

Malgré cela, l’Église catholique tord complètement le concept de foi. Rome se vante en effet en ces termes : « C’est d’abord l’Église qui croit, et ainsi porte, nourrit et soutient ma foi. »[18] Là-dessus, elle a l’impudence d’affirmer que la foi nous vient par l’Église , puisque l’Église est notre mère : « Le salut vient de Dieu seul ; mais parce que nous recevons la vie de la foi à travers l’Église, celle-ci est notre mère. »[19]

Rome contraint ses fidèles à ajouter foi à leur « Sainte Mère l’Église » plus qu’au Seigneur Jésus-Christ : « 'Croire’ est un acte ecclésial. La foi de l’Église précède, engendre, porte et nourrit notre foi. L’Église est la mère de tous les croyants. 'Nul ne peut avoir Dieu pour père qui n’a pas l’Église pour mère.’ »[20]

L’Évangile de la Réforme : Le salut est accompli par Christ seul

Seul Christ sauve les croyants. « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ… pour célébrer la gloire de sa grâce dont il nous a favorisés dans le bien-aimé. »[21]

L’apôtre Paul désigne Christ explicitement comme étant la source de cette justification extérieure qui nous est accordée devant Dieu : « Mais Dieu prouve son amour envers nous, en ce que lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous. À plus forte raison donc, maintenant que nous sommes justifiés par son sang, serons-nous sauvés par lui de la colère. »[22]

 L’Église catholique nie explicitement l’enseignement de la Bible sur ce point. Pour elle, « La justification est accordée par le Baptême, sacrement de la foi. Elle nous conforme à la justice de Dieu qui nous rend intérieurement justes par la puissance de sa miséricorde. »[23]

Rome enseigne que « Être justifié, ce n’est pas être déclaré juste en raison d’une imputation de la justice de Jésus-Christ ; c’est être déclaré juste devant le tribunal de Dieu en raison d’une infusion de grâce dans la vie du croyant. » Cela veut dire que la justification ne se fonde pas entièrement sur l’œuvre de Christ, mais aussi sur les œuvres et les mérites de l’individu.[24]

L’Évangile de la Réforme : la gloire appartient à Dieu seul

Les Réformateurs le comprenaient : ce principe selon lequel la gloire revient à Dieu seul découle logiquement des principes précédents. Parce que la justification est conférée par la grâce seule, au travers du don divin de la foi seule, en Christ seul, et sous l’autorité de sa Parole écrite, toute gloire revient à Dieu seul ! Cela ne laisse aucune place pour attribuer la gloire à Marie, au Pape, ou aux saints décédés.

Cependant, dans la pratique, l’Église s’adresse à Marie comme si elle était Dieu. « En demandant à Marie de prier pour nous, nous nous reconnaissons pauvres pécheurs et nous nous adressons à la 'Mère de la Miséricorde’, à la Toute Sainte. »[25] Le Pape se pose en rival de la gloire de Dieu en se faisant appeler « Saint Père » et « Vicaire de Christ ».  L’Église romaine dilue la gloire divine en vénérant les saints :

« La communion avec les défunts. Reconnaissant dès l’abord cette communion qui existe à             l’intérieur de tout le corps mystique de Jésus-Christ, l’Église en ses membres qui cheminent        sur terre a entouré de beaucoup de piété la mémoire des défunts dès les premiers temps du   christianisme en offrant pour eux aussi ses suffrages… Notre prière pour eux peut non        seulement les aider mais aussi rendre efficace leur intercession en notre faveur. »[26]

Qu’allons nous faire de cet Évangile de la Réforme ?

Il ne suffit pas de célébrer la Réforme. Nous devons chérir ce même Christ et ce même Évangile qui a suscité des réveils au cours de l’histoire. Nous devons leur obéir.

Sortirons-nous du sommeil de notre époque post-moderne qui supporte que Rome détruise l’Évangile de Christ ? Nous joindrons-nous à la course des chrétiens d’autrefois, regardant à Christ, cherchant en lui la source de tout pouvoir, le prenant pour modèle ? Aimerons-nous Christ au détriment de nous-mêmes, et consentirons-nous à endurer le mépris pour l’amour de lui ?

« Nous donc aussi, puisque nous sommes environnés d’une si grande nuée de témoins, rejetons tout fardeau, et le péché qui nous enveloppe si facilement, et courons avec persévérance dans la carrière qui nous est ouverte, ayant les regards sur Jésus, qui suscite la foi et la mène à la perfection ; en échange de la joie qui lui était réservée, il a souffert la croix, méprisé l’ignominie, et s’est assis à la droite du trône de Dieu. Considérez, en effet, celui qui a enduré contre sa personne une telle opposition de la part des pécheurs, afin que vous ne vous lassiez point, l’âme découragée»[27]

Richard Bennett, Association “Berean Beacon”, https://bereanbeacon.org/

La libre reproduction de cet article est autorisée, y compris sur l’Internet, à condition qu’elle soit intégrale, et qu’aucune modification ne soit effectuée. Voir aussi les autres articles en français de Richard Bennett, à l’adresse https://fr.bereanbeacon.org/

[1]Matthieu 23.13  Les citations bibliques sont tirées de la version Nouvelle Édition de Genève 1979.

[2] https://www.military-history.org/articles/thinkers-at-war-george-orwell.htm

[3] Catéchisme de l’Eglise Catholique, § 880-882, Éditions Centurion/Cerf/ Fleurus-Mame/Librairie Éditrice Vaticane, Paris, 1998.

[4]Catéchisme, § 2677

[5] http://www.catholicherald.co.uk/news/2017/01/19/pope-francis-martin-luther-wanted-to-renew-the-church-not-divide-her/

[6] http://www.vaticanstate.va/content/vaticanstate/en/servizi/ufficio-filatelico-e-numismatico/programma-emissioni1.html

[7]Le Pape François, qui jusqu’à présent n’a cessé de surprendre les uns et les autres depuis le début de son pontificat, se prépare à annoncer que Martin Luther est certainement au ciel. On appelle cela 'une canonisation équipollente’, protocole par lequel, en tant que « Vicaire de Christ » le Pape François peut contourner le processus judiciaire ordinaire de la canonisation. De toute évidence, du moins pour les Catholiques, Martin Luther pourra être appelé « Saint Martin Luther ». Ce serait un pas de plus dans le processus engagé par le Pape Jean-Paul II, qui lors du 500e anniversaire de la naissance de Luther, lui avait accordé le titre de « Docteur de l’Église ». Le Vatican a aussi le projet d’émettre un timbre commémorant Martin Luther. Normalement, si le Vatican commémore une personne au moyen d’un timbre-poste, c’est qu’il s’agit d’un « saint ».   Source: http://liturgy.co.nz/pope-francis-to-make-martin-luther-a-saint-on-october-31

[8]« Il reste à finaliser des détails de dernière minute.  En particulier, on s’appuie sur des accords précédents [entre Catholiques romain et Luthériens] sur la nature de la justification et du salut, pour clarifier la manière dont l’intercession de Saint Martin Luther serait invoquée, par exemple, pour aider les âmes qui souffrent au Purgatoire. » Source:  https://www.lifesitenews.com/news/vatican-gives-stamp-of-approval-to-martin-luther

Traduction anglaise et capture d’écran de l’entretien original en italien par Danilo Bogoni, Novita Vaticane Targate 2017, Arte del Francobollo, janvier 2017, p. 8 sur https://www.unificato.it/adf65-pdf-gennaio-2017/  cité sur http://callmejorgebergoglio.blogspot.com/2017/01/vatican-to-issue-stamp-commemorating.html  (caractères gras ajoutés.)

[9]Pour de plus amples détails, veuillez consulter l’article de Richard Bennett intitulé : Five Biblical Principles of the Reformation, 17 octobre 2015, sur le site Berean Beacon, https://bereanbeacon.org/new-blog/2015/10/17/five-biblical-principles-of-reformation .

[10]Matthieu 5.17-18

[11]Catéchisme, § 82

[12]Éphésiens 2.1

[13]Romains 3.24

[14]Éphésiens 2. 8-9

[15]Catéchisme, § 1129

[16]Actes 16.31

[17]Romains 10.17

[18]Catéchisme,§ 169

[19]Catéchisme, § 169.

[20]Ibid., § 181.

[21]Éphésiens 1. 3-4

[22]Romains 5.8-9

[23]Catéchisme, § 1992.

[24]William Webster, Saving Faith: How Does Rome Define It? (1997: Christian Resources, Battle Ground, WA),  p.42.

[25]Catéchisme, § 2677.

[26]Catéchisme, § 958.

[27]Hébreux 12.1-3

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